Rencontre avec Pierre AULAS, Directeur du développement olfactif de Thierry MUGLER

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Parce que nous sommes très gourmandes, parce que notre passion pour le chocolat est avérée, parce que les parfums sont aujourd’hui toujours plus gourmands avec leurs notes de chocolat et de pralines, parce qu’en France dans le top 10 des ventes de parfums, 6 sont des gourmands, nous avons eu envie de partager avec vous notre rencontre avec le talentueux Pierre Aulas.

Mais pourquoi cet engouement pour les parfums gourmands, nous direz-vous ? L’explication est souvent liée aux évènements socio-culturels qui influencent les orientations olfactives qui s’en suivent. Dans les années 1980, les notes sont pures, marines, florales, transparentes, une tendance à la pureté comme un miroir réflexe contre l’arrivée de nouveaux fléaux. Puis en réaction aux crises – guerre du Golfe, crise de la Grèce… – une nouvelle famille olfactive voit le jour : les gourmands. Ces notes gourmandes et connues font appel à notre subconscient. Elles sont rassurantes, elles adoucissent le quotidien, elles sont régressives et nous ramènent en enfance, sous la protection maternelle. Que du bonheur…

Nous sommes donc naturellement attirés par ces odeurs de sucre, d’éthyle maltol pour être vraiment précises, une molécule de synthèse qui reproduit l’odeur du carambar (praline-caramel). Ce nuage parfumé sucré nous sert de « shoot » olfactif, un cocon dans lequel nous aimons nous promener et qui nous protège.

Alors pourquoi une telle diversité de parfums gourmands ? Comme en pâtisserie, tous les parfumeurs disposent des mêmes notes mais c’est l’art de les associer qui fait la différence. Laisser nous vous raconter cette histoire qui démarre en 1992 avec le parfum Angel de Thierry Mugler. Ce parfum ouvre la tendance des gourmands avec ses notes de caramel, chouchou et pralines. Un OVNI dans l’univers de l’époque. Quelle audace ! Le succès n’est pas immédiat, la nouveauté est telle qu’il faut attendre quelques années pour que ce parfum décolle. A partir de là, un nouveau territoire olfactif était né, une nouvelle palette pour les parfumeurs. Quelques années plus tard, en 1997, le parfum de Lolita Lempicka arrive avec ses notes de caramel, chocolat et réglisse, puis c’est au tour de Coco Mademoiselle, avec ses senteurs praliné, chocolat et ananas en notes de tête. Viennent ensuite Flower Bomb de Viktor et Rolf avec ses notes de fruits rouges, La Vie est belle de Lancôme, avec des notes de fruit, pralines et iris ou encore la petite Robe Noire de Guerlain avec ses accords pralines, chocolat et cerise noire. Plus récemment, Black Opium de Yves Saint Laurent, énorme gourmand ou encore Trésor la Nuit de Lancôme qui détient sans doute le record de l’overdose de la note gourmande chocolat-praline-caramel. Et, pour l’anecdote, il n’y aura a priori pas de parfum plus gourmand car au-delà de cette concentration, la note n’est plus soluble !

En conclusion, en 25 ans, les notes gourmandes n’ont cessé de se développer ce qui pousse les parfumeurs à toujours plus de gourmandise. Une chose est sûre, les parfums sucrés sont un délice, on craque de plus en plus sur ces fragrances douces, régressives et tellement rassurantes ! La gourmandise n’a pas fini de nous séduire …